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homme, qui veut bien me considérer comme son cousin et me recevoir à dîner le mardi. Accompagnez-moi jusque chez lui, il sera ravi de vous connaître et vous retiendra.

J’allais risquer une phrase polie pour me dérober, mais la curiosité de voir l’ami du comte de F… fut la plus forte. D’ailleurs, celui-ci avait déjà disparu. Il revint bientôt, quasi costumé et pareil aux imitations que Max Dearly ou Robert Darthez font des Parisiens de l’époque :

Cœur de tzigane est un volcan brûlant…
C’est un vrai cœur d’amant…

Même il avait glissé dans une boutonnière géante un fragment de gardénia venu je ne sais d’où, et nous quittâmes le petit hôtel. Lorsque nous fûmes dehors, j’appelai un taxi, et mon hôte me dit, d’une voix reconnaissante et caverneuse :

— Mon ami habite rue Rossini. J’y vais toujours à pied, mais puisque vous avez eu l’extrême bonté de héler une voiture de place, nous y serons plus tôt que de coutume.

En route, de sa main joliment gantée, le comte de F… me montra la maison où il avait connu Pedro Gailhard, un fameux directeur : l’hôtel de la princesse G…, où il faillit se marier ; la maison des célèbres Padilla, où l’on s’amusa