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suprême raffinement du génie français, un photographe de nuit (sorte de rat d’hôtel), muni de plaques toujours prêtes et qui apparaît au premier appel.

Le Grand Hôtel fit sensation. Les représentants les plus avertis du dandysme du Second Empire zozotaient dans les salons : « Avez-vous visité la cour du Grand Hôtel de la Paix (ce fut son premier nom), avez-vous eu l’occasion de souper dans la salle à manger en rotonde ? » Ainsi parle-t-on aujourd’hui d’une croisière en zeppelin ou d’un mariage en costume de scaphandrier. Chaque époque a ses ahurissements. De plus, le Grand Hôtel bénéficiait de l’atmosphère du boulevard, laquelle n’a de prix et de parfum que pour ceux qui l’ont connue. Quartier béni des dieux de l’Île-de-France et qui a toujours attiré le meilleur des Parisiens. La solitude n’y existe pas, ni l’ennui. Transformé comme il l’est aujourd’hui, il demeure le Boulevard, et sera sûr de lui jusqu’à la fin du monde.

Dans l’enchantement des boulevards

Le Grand Hôtel n’est plus ce qu’il était autrefois. Digne et somptueux à la façon d’un musée, il n’attire plus que les fils ou les cousins de ceux qui s’y trouvaient jadis aussi bien qu’à la Cour, et de tant d’autres qui, pendant toute l’enfance de la République, y contemplèrent l’académie de l’élégance et de la modernité. Aujourd’hui encore, de très lointains étrangers y affluent, touchés par