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par de vieilles dames mal adaptées à une époque de machines précises et d’habitations enfin confortables,

Le George-V n’a rien non plus du palace monumental et mélancolique où le luxe et l’ennui se confondent. C’est exactement l’hôtel qui est destiné à une clientèle que rien ne rattache à l’avant-guerre, une clientèle intimement liée au jazz, à la vitesse, aux fluctuations des changes, et pour laquelle la direction avait créé, bien avant le pays légal, comme on dit aujourd’hui, un service d’avions-taxis qui cueillaient le touriste à la descente des paquebots.

Mêlé aux malaises et à l’euphorie de ces dernières années, le George-V a été lancé par la signature du plan Young, qui eut lieu dans le salon bleu, appelé depuis « des experts », en présence de MM. Moréau, Montagu Norman, Pierpont Morgan, Strong, Schacht et Luther. M. Young emporta aux États-Unis la chaise qui avait été la sienne et le tapis vert sur lequel s’étaient appuyés tant de coudes illustres. Sur ce même tapis, devenu relique, un banquet-souvenir fut servi en Amérique, en 1930.

La même année, trois nouvelles signatures contribuaient, à Paris, à rendre célèbre l’encre de l’hôtel George-V : celles du colonel Easter Wood, et de Costes et de Bellonte, à l’occasion de la première traversée française de l’Atlantique, qui fut décidée, ou plutôt pariée, au bar. Puis ce sont les statuts de la Banque des Règlements Internationaux de Bâle qui voyaient le jour dans le salon