Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» — Non, merci, murmure le client qu’il était chargé de servir, j’en ai déjà un ! »

Ce que l’on pourrait appeler le paroxysme du Meurice se produit une fois l’an, au cours de la grande semaine parisienne, un peu avant l’heure du dîner, paroxysme dont le fumet se répand dans le quartier et qui ne trompe pas. Il y a là un mariage de bas de soie, de perles, de lèvres fardées, des froissements de chèques, des conversations, des chuchotements qui font ressortir le plus pur de l’actualité, des allées et venues, des coups de téléphone, un parfum, un esprit qui disent assez que l’endroit est un lieu géométrique, une capitale minuscule, un nœud vital. Sous le porche, flegmatique, important, rêve le chasseur, un des personnages les mieux renseignés de Paris, les plus influents aussi, et qui faillit être réprimandé un jour pour ne pas avoir deviné que quelqu’un aurait la curiosité de fouiller les bagages de Lloyd George, lors de la Conférence de la Paix.


RUE CAMBON, PLACE VENDÔME

On ne sait guère que le fondateur de l’hôtel Ritz fut un homme comme vous ou moi, et qui s’appelait réellement et tout simplement M. Ritz,