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péremptoire en un décor de miocène… ou de jurassique, je ne puis m’empêcher de penser que Louis XI, se sentant mourir, fit envoyer chercher des tortues au Cap Vert, par caravelles… Et rien ne nous dit qu’une d’elles ne se soit amusée de grandir dans le domaine de quelque gentilhomme à qui le roi l’eût donnée…

Cette tortue de France passe le visiteur à une tortue de Madagascar qui, dit-on, bat tous les records de dimensions : c’est la Grandidieri, au nom magnifique de princesse italienne pour cabinets particuliers de grands restaurants. Ce musée des os passés commence comme tous les musées et brusquement, avec le fémur gauche d’un Mastodon, cadeau du président Jefferson à la patrie de La Fayette, nous entrons dans le colossal et le sans bornes…

Les dimensions des animaux antédiluviens et les grands escogriffes des temps préhistoriques ont toujours inspiré les humoristes et les beaux-pères que les familles de jeunes mariés traînent le dimanche dans leur sillage. Il ne se passe d’ailleurs pas de semaine que je ne voie au moins deux mammouths et un diplodocus dans les gazettes satiriques américaines où l’on montre infiniment de talent dans le spacieux grotesque. Il ne se passe pas de jour non plus que quelque visiteur ne se livre, devant les vastes thorax d’éléphants, pareils à des garages, aux métaphores traditionnelles que le fantastique inspire à la médiocrité humaine. « Quel tour de taille !… Ah ! dis donc, celui-là, quand il vous