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JARDIN DES PLANTES — HALLE AUX VINS

Que de patience accumulée, que de présence spirituelle, que de fantômes, dans ce quadrilatère parisien dont le Jardin des Plantes constitue en quelque sorte la Capitale ! Des médecins, des savants, des écrivains ont travaillé, ont médité là : Fagon, Tournefort, Buffon, Bernardin de Saint-Pierre, Lamarck l’aveugle, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, les Jussieu de Lyon, Daubenton qui, en bon républicain, n’admettait pas le « roi » des animaux, Claude Bernard, La Bruyère, Michelet, Balzac, les Goncourt, Bourget… Peu d’endroits gardent le souvenir de tant d’hommes. On a le droit de préférer Berlin, Batoum, Hambourg, Cadix, à notre institution républicaine modeste, assez peu gâtée par les pouvoirs publics, mais combien « excitante pour l’esprit », selon le mot de Barrès ! On ne saurait oublier que le Jardin des Plantes de Paris a une galerie d’ancêtres comme personne au monde, et des souvenirs de science, de dévouement, de passion qui en font autre chose qu’un square organisé militairement et privé de charme, comme sont beaucoup d’établissements étrangers.

Le Jardin des Plantes, qu’Édouard Drumont appelle avec raison, dans « Mon vieux Paris », le plus beau jardin botanique de l’univers, est