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CHAPITRE DIXIÈME

Épilogue

 
 
 


1900. Un saut de quinze années…

Le Félicien Fargèze d’aujourd’hui, plus que sexagénaire, mais trop peu sensible aux vicissitudes de l’âge, renoue le fil rompu de ces Mémoires pour y ajouter un épilogue. Si, pour conclure, j’attendais de m’être assagi, jamais ce manuscrit ne recevrait le mot final. Quinze années… Debout sur mes souvenirs et continuant d’en accumuler, je promène autour de moi le regard ému, mais amusé, d’un homme qui ne consent pas à vieillir.

Mon logis ensoleillé de 1885, sur le jardin du Luxembourg ; mes amis, mes amours, l’anecdote qu’un jour apporte à l’autre… Le temps a passé ; la vie a remué les décors. Je suis depuis deux ans, rue Bréda, l’hôte considéré d’une pension de famille tenue par une très digne personne sur le retour, qui fut belle et galante, Mme Proscigonié. J’y occupe en toute indépendance un petit appartement, chambre, bibliothèque, salle de bains, que j’ai garni de mes plus jolis meubles, de tapis qui sont comme des litières de laine. La maison de Mme Proscigonié ne compte que cinq ou six pensionnaires, des messieurs âgés, vieux garçons ou veufs, de situation sociale bourgeoise. Je ne ferai pas de présentations. Aussi bien, je les vois peu. Je ne m’assieds que rarement à la table commune. Les repas me sont servis chez moi, et d’ailleurs je déjeune ou dîne souvent