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les portraits de famille.

à rester seule dans cette salle. Mais à mesure que Julienne grandissoit, la frayeur que lui occasionnoit ce singulier portrait augmentent, et souvent elle supplioit son père, les larmes aux yeux, de ne pas la laisser seule dans la salle. — Ce portrait, disoit-elle, me lance des regards non pas sombres ni terribles, mais pleins d’une mélancolie singulièrement douce. Il semble qu’il veut m’attirer à lui et ouvrir ses lèvres pour me parler. Il sera certainement la cause de ma mort.

« Le père de Julienne renonça enfin à l’espoir de vaincre les terreurs de sa fille. Un soir, en soupant, la peur lui ayant occasionné des convulsions, parce qu’elle prétendoit avoir vu le portrait remuer les lèvres, le médecin enjoignit au père de mettre, à l’avenir, sa fille à l’abri de