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Les symptômes physiques de cette période méritent de nous arrêter plus longtemps. C’est alors que l’on commence à constater les véritables symptômes prononcés de la paralysie, qui cependant n’est jamais complète. Elle se manifeste par un embarras de parole assez marqué pour rendre le langage peu intelligible ; la marche est vacillante et difficile ; il y a souvent inclinaison latérale du tronc ; les bras ont perdu la faculté de soulever des fardeaux, et bientôt on est obligé de maintenir le malade constamment assis, par suite de l’impossibilité où il se trouve de se soutenir sur ses jambes ; on est également contraint de lui ingérer les aliments, parce qu’il ne peut les porter lui-même à sa bouche ; il existe une incontinence des urines et des matières fécales qui, souvent même, date d’une période antérieure ; enfin on finit par se trouver dans la nécessité de fixer le malade sur un fauteuil, ou même de le laisser toujours au lit, parce qu’il ne peut plus soutenir son corps dans la position verticale, même alors qu’il est assis. Un fait important à noter, c’est que, même à cette période ultime, les malades, contraints de rester constamment couchés, peuvent néanmoins toujours remuer leurs bras et leurs jambes dans leur lit, quoiqu’ils manquent de force et de précision dans les mouvements, caractère distinctif très essentiel entre cette paralysie et toutes les autres avec lesquelles on prétend la confondre.

D’autres phénomènes physiques, qui se produisent aussi quelquefois dans les périodes précédentes, appartiennent plus particulièrement à celle-ci : ce sont les contractures, les roideurs tétaniques, les tremblements, les spasmes de diverse nature, les grincements de dents, et surtout les attaques apoplectiformes et épileptiformes. Leur nombre et leur fréquence varient beaucoup selon les malades, et peut-être aussi selon les variétés de marche antérieure de la maladie ; mais elles sont assez fréquentes à cette période, surtout les attaques congestives, pour qu’on doive les considérer comme tout à fait caractéristiques de cette affection. Ces attaques varient beaucoup, soit relativement à l’époque de leur apparition, soit relativement à leur intensité et à leur durée. Les unes, qu’on peut appeler petites attaques, consistent dans un simple afflux du sang à la tête, sans perte de connaissance absolue, et sont suivies d’une simple aggravation, plus ou moins temporaire, dans les symptômes physiques et moraux de la