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le développement plus manifeste des symptômes paralytiques, et surtout remarquable, en général, par la production d’un état d’agitation habituelle et de paroxysmes d’excitation maniaque. Cette agitation peut survenir à diverses périodes, mais elle est surtout caractéristique de la seconde.

Il existe chez les aliénés paralytiques deux espèces d’agitation bien distinctes ; l’une qui est habituelle et que nous désignerons sous le nom d’agitation silencieuse, et l’autre, qui survient par accès d’une durée plus ou moins longue, et que nous appellerons l’agitation bruyante.

Les paralytiques, arrivés à la seconde période, présentent un état habituel d’agitation automatique bien spécial, sur les caractères duquel on n’a peut-être pas suffisamment insisté. Ils ont un besoin de mouvement incessant, ne peuvent rester en place, se remuent en tous sens, sans direction et sans but, parlent seuls à voix basse, remuent tous les objets qui se trouvent à leur portée, s’emparent machinalement de ce qui se trouve sous leur main pour le mettre dans leur poche ou pour s’en dessaisir aussitôt, avec aussi peu de motifs qu’ils en avaient eus pour s’en emparer ; ils se livrent ainsi à une foule d’actes irréguliers sans suite et sans but, par simple besoin d’activité instinctive. Ils effilent ou déchirent leurs vêtements, se déshabillent à chaque instant, brisent ou frappent les objets qui les entourent, sans intention de détruire et sans se rendre compte du dégât qu’ils occasionnent. Cet état de mobilité désordonnée est très fréquent chez ces malades, et peut même servir à caractériser cette forme au milieu des autres espèces de la folie. Cette agitation existe du reste à des degrés très divers chez les différents individus, et même à divers moments chez le même malade ; elle peut d’ailleurs se concilier avec des apparences extérieures de calme et de tranquillité.

Au milieu de cet état habituel d’agitation silencieuse, se produisent assez fréquemment de véritables paroxysmes maniaques avec agitation violente, qui souvent même semblent n’être qu’un surcroît d’intensité de l’état d’agitation ordinaire. En effet, ce qu’il y a de plus caractéristique pendant ces paroxysmes, et ce qui peut souvent servir à les distinguer d’autres espèces de la manie, c’est la prédominance des actes violents auxquels se livrent presque conti-