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Lasègue[1]. Ces caractères peuvent d’ailleurs se résumer en très peu de mots : céphalalgies fréquentes, surtout à la première période, siégeant principalement au sommet de la tête ; vertiges et étourdissements plus ou moins répétés, et à des degrés divers d’intensité ; quelquefois, attaques congestives de courte durée, avec perte plus ou moins complète de connaissance, et même, quoique plus rarement, attaques convulsives ou épileptiformes ; embarras spécial de la parole, d’abord à peine sensible, consistant plutôt en une sorte d’arrêt, de suspension ou d’effort, avant la prononciation de certains mots ou de certaines syllabes, qu’en un véritable bégaiement, variant d’ailleurs beaucoup d’intensité d’un moment à l’autre, pendant ces premières périodes (il peut même être intermittent, avoir existé à une époque et ne plus être sensible dans le moment où on observe le malade) ; tremblement plus ou moins manifeste des lèvres, de la langue, des membres supérieurs quand ils sont étendus, et même des membres inférieurs ; enfin, absence de coordination et de régularité dans les mouvements, dans la marche, dans la préhension des objets, le plus souvent sans véritable faiblesse musculaire, et même avec conservation d’une assez grande vigueur dans les mouvements qui procèdent par saccades plutôt qu’ils ne sont réellement affaiblis ; tels sont les principaux caractères physiques de cette maladie à sa première période.

À mesure qu’elle avance dans sa marche, mais très lentement et comme par secousses, on voit l’activité intellectuelle diminuer en même temps que les forces physiques. Il est difficile de déterminer des périodes dans une affection qui va graduellement en augmentant, et qui, cependant, malgré cette progression constante vers la démence et vers la paralysie, présente des inégalités très nombreuses dans l’intensité relative de ses divers symptômes, non seulement chez les différents individus, mais chez le même malade, souvent à quelques jours seulement d’intervalle. Cependant, comme certaines divisions, plus ou moins artificielles, sont indispensables pour donner une description générale de la marche de cette maladie, nous admettrons, avec les auteurs, une seconde période caractérisée par l’affaiblissement plus grand de l’intelligence,

  1. Lasègue, Thèse pour l’agrégation, 1853.