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plus remarquable, c’est que cette variété, qui quelquefois paraît exister pendant longtemps chez un même malade, n’est le plus souvent qu’une période de la maladie ; lorsqu’on étudie attentivement la marche de l’affection chez ces aliénés, on découvre presque toujours que cet état de dépression ou d’affaissement a été précédé ou est suivi d’une période d’excitation plus ou moins prononcée, qui restitue à la marche générale de cette maladie le caractère d’unité qui semblerait détruit par l’existence de ces formes débiles. La plupart de ces malades rentrent ainsi dans la règle générale, et présentent plus tard les caractères habituels de la marche de cette affection.

Une troisième variété que nous devons encore signaler, mais qui n’est, en quelque sorte, qu’une anticipation de ce qu’éprouvent les paralytiques à la seconde période, c’est la variété maniaque. Certains paralytiques, en effet, après avoir subi, lors de l’invasion de la maladie, l’agitation maniaque dont nous avons parlé à propos de la première variété, au lieu de se calmer petit à petit, comme ces derniers, et de revêtir plus ou moins les apparences du délire partiel, restent maniaques, c’est-à-dire violents et agités pendant longtemps ; mais, chose remarquable, au milieu de ces caractères extérieurs de la manie, ils présentent le même fond de délire que les malades dits monomaniaques. Ce n’est donc pas là, à proprement parler, une variété tout à fait distincte ; ce n’est qu’une différence en plus dans le degré de l’agitation qui, même dans la variété dite monomaniaque, se produit souvent à divers degrés et à divers intervalles. Nous reviendrons sur les caractères particuliers de cette agitation maniaque en parlant des paroxysmes de manie qui existent chez presque tous les paralytiques, à la seconde ou à la troisième période, quelque variable qu’ait été la forme de la première.

Les indications précédentes suffisent pour montrer, d’une manière générale, quelle est la marche de la folie paralytique dans ses débuts et dans sa première période. J’ai peu insisté sur les symptômes physiques, parce qu’ils ont été l’objet d’une étude approfondie, principalement de la part de M. Baillarger[1], et de M. le Dr

  1. Baillarger, Leçons cliniques, Annales médico-psychologiques. T. VIII, 1846.