Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la forme agitée, soit plus souvent sous la forme calme et débile ; mais presque toujours quelques idées de grandeur ou de satisfaction surviennent tôt ou tard dans cette variété, comme dans les variétés à excitation primitive.

3oVariété mélancolique.

On croit en général que la folie paralytique, qui débute par le délire, commence toujours par des changements dans les habitudes, des perversions dans le caractère, par une grande activité physique et morale, en un mot, par des phénomènes d’excitation. C’est bien là en effet son début le plus fréquent, et nous en parlerons tout à l’heure. Cependant, lorsqu’on ne se contente pas de recueillir les renseignements tels que les donnent les familles, et que l’on scrute plus attentivement le passé de ces malades, on apprend qu’avant d’avoir offert des phénomènes d’excitation, le malade a souvent commencé par présenter un état plus ou moins temporaire de dépression morale que quelques auteurs, et en particulier le Dr Ducheck, de Prague, ont appelé le stade mélancolique. En lisant les observations consignées par les auteurs, en particulier par Bayle et Calmeil, on voit qu’ils font mention assez fréquemment de cet état de mélancolie comme ayant précédé de peu de temps l’apparition des phénomènes de l’excitation ; on doit même ajouter que presque toujours, lorsqu’on a signalé l’existence de la mélancolie dans la paralysie générale, c’est au début qu’elle a été observée ; ce stade peut, dans quelques cas exceptionnels, avoir une longue durée, et c’est principalement dans ces cas que l’on a noté une prolongation excessive de la maladie. Nous n’avons pas à insister ici sur les caractères particuliers de cet état mélancolique, d’ailleurs peu connu, parce qu’on n’est presque jamais en position de l’observer directement ; nous dirons seulement qu’il consiste ordinairement en une prostration extrême physique et morale, accompagnée souvent d’idées de crainte ou d’idées hypocondriaques, et que souvent aussi une débilité musculaire momentanée se joint à l’affaiblissement du moral, et donne au malade le sentiment d’une fin prochaine. Cet état, ordinairement d’assez courte durée, passe le plus souvent inaperçu, ou bien il est attribué à une cause légitime