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2oVariété paralytique.

Cette variété est difficile à décrire, parce qu’elle est encore peu connue ; c’est elle qui est devenue la cause des discussions nombreuses qui ont eu lieu, et c’est elle que certains auteurs ont voulu élever au rang de début unique de cette maladie. On rencontre de temps en temps, en effet, dans la pratique civile, des malades qui, sans cause connue, présentent un tremblement peu marqué des membres supérieurs et quelque difficulté à exécuter avec les doigts des actes délicats, tels que l’écriture par exemple ; ils éprouvent de plus une certaine irrégularité dans la marche, de la difficulté à se maintenir sur leurs jambes, et un embarras de la parole peu sensible, dont ils ont souvent conscience ou bien qu’ils expliquent par une circonstance accidentelle ou permanente, telle que la fatigue ou le froid, telle que la privation d’une dent, etc. Ces malades présentent un tremblement plus ou moins manifeste de la langue ou de la lèvre supérieure, ordinairement des céphalalgies, des étourdissements, des vertiges, n’arrivant pas jusqu’au degré de l’attaque ; quelquefois aussi, comme l’a fait observer M. Baillarger, une inégalité de dilatation des pupilles, et assez souvent enfin une impuissance plus ou moins prononcée des organes génitaux. En général, ces paralytiques semblent avoir l’intelligence parfaitement intacte ; mais, si on les examine attentivement et surtout si l’on interroge avec détail les personnes qui vivent habituellement avec eux, on découvre très souvent d’abord que leur intelligence a manifestement baissé de niveau, et ensuite qu’ils présentent de véritables perturbations dans leur caractère, des modifications dans leurs habitudes, ou des singularités dans leur intelligence ; souvent même on apprend qu’ils se sont livrés à des actes singuliers qui parurent inexplicables à ceux qui connaissaient leur caractère antérieur, et même assez souvent à des vols dont l’insignifiance ou l’imprévoyance désarmait toute accusation et trahissait déjà la faiblesse de leurs facultés.

La durée de cet état prodromique est excessivement variable ; il peut se prolonger pendant longtemps ; cependant le plus souvent les phénomènes paralytiques augmentent progressivement, l’intelligence s’affaiblit, et enfin on voit apparaître un véritable délire, soit sous