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1oVariété congestive.

Tous les auteurs ont noté la fréquence des congestions plus ou moins prononcées dans les prodromes de la paralysie générale, ils nous semblent même en avoir exagéré l’importance ; Bayle, par exemple, admet qu’elles existent toujours, soit sous la forme évidente d’étourdissements, d’afflux de sang à la tête, de perte de connaissance plus ou moins complète, soit sous la forme moins appréciable de congestion lente, sans signes extérieurs ou sans autre manifestation que l’excitation maniaque, qui est, à ses yeux, un signe évident de congestion. On conçoit que nous ne voulons parler ici que des congestions plus ou moins subites, présentant des signes extérieurs évidents. Il est un certain nombre de paralytiques chez lesquels une ou plusieurs congestions, plus ou moins intenses, semblent ouvrir la scène de la maladie et sont le premier phénomène qui frappe l’attention des personnes qui entourent le malade ; dans quelques cas rares même, une attaque épileptiforme semble marquer le début de cette affection. On conçoit combien il faut être réservé avant d’admettre un début aussi brusque dans une maladie dont le développement est ordinairement lent et presque insensible ; aussi presque toujours, pour ne pas dire toujours, on apprend que quelques symptômes physiques ou moraux, caractéristiques de la maladie, avaient existé avant son explosion, en apparence subite. Quoi qu’il en soit, ces congestions se manifestent tantôt sous la forme de simples étourdissements ou de vertiges très courts, ayant une certaine analogie avec les vertiges épileptiques, tantôt sous la forme plus manifeste d’attaques avec demi-perte de connaissance ou même avec perte presque complète, mais momentanée. Elles sont le plus souvent accompagnées ou suivies de phénomènes paralytiques plus ou moins incomplets, ordinairement temporaires, du moins au même degré d’intensité, d’un embarras de la parole, souvent intense après l’attaque, mais qui devient ensuite beaucoup moins saillant, et d’un affaiblissement assez marqué de l’intelligence, ou bien même, selon les cas, de l’apparition évidente du délire, soit sous la forme calme, soit sous la forme agitée.