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assez nombreuses que peut présenter cette marche au début, nous admettrons plusieurs variétés dans la première période. On comprend que ces distinctions théoriques, indispensables pour la clarté de l’exposition, sont loin d’exister d’une manière aussi tranchée dans la nature, et que les caractères qui nous serviront à établir ces variétés n’expriment en réalité que des prédominances de symptômes.

On a cherché à retrouver, dans le caractère antérieur des paralytiques, quelques traits saillants qui permissent de tracer une description de ce qu’on a appelé les signes de la prédisposition. Souvent, en effet, on apprend que ces malades ont eu pendant toute leur vie un caractère actif, entreprenant, téméraire, qu’ils ont eu une existence très agitée, qu’ils se sont livrés aux professions les plus diverses et ont mené en un mot une vie aventureuse. Il est encore vrai généralement qu’ils étaient d’un caractère doux et bienveillant, et de temps en temps irritable et colère. Ces traits généraux ne manquent certainement pas de vérité ; mais, comme on le conçoit, ils ne peuvent avoir rien d’absolu. Vouloir aller plus loin dans l’étude du caractère intérieur de ces malades serait, ce nous semble, se lancer dans une voie périlleuse, soit parce que les documents manquent encore à la science, soit surtout parce qu’il est très difficile de fixer exactement l’époque de l’invasion, et que souvent on prend pour signe de la prédisposition ce qui devrait être déjà considéré comme un premier symptôme de la maladie. Les parents, comme les médecins sont très disposés à retrouver, dans la vie antérieure des malades, des signes analogues aux caractères actuels de la maladie, et à reconstruire ainsi artificiellement le passé à l’aide des données fournies par le présent.

On peut admettre quatre variétés principales dans la marche de la paralysie générale au début : deux dans lesquelles les phénomènes physiques précèdent ou plutôt prédominent, et deux dans lesquelles, au contraire, on observe surtout les phénomènes intellectuels et moraux : ce sont 1o la variété congestive ; 2o la variété plus spécialement paralytique ; 3o la variété mélancolique ; 4o la variété expansive. Comme je l’ai dit plus haut, ce sont plutôt là des prédominances de symptômes que de véritables variétés distinctes.