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la valeur réelle qu’elles peuvent avoir comme condition organique de la maladie. Les divers auteurs ne sont pas d’accord entre eux sur la lésion la plus essentielle parmi toutes celles que l’on rencontre dans le cerveau des aliénés paralytiques. Bayle, par exemple, attache surtout de l’importance à la méningite ; M. Calmeil, sans se prononcer d’une manière absolue, est disposé à considérer cette maladie comme une péri-encéphalite chronique diffuse. Foville prétend trouver cette condition organique dans l’adhérence des divers plans qu’il a décrits dans la substance blanche. Enfin Parchappe[1], à l’aide d’un très grand nombre d’autopsies faites avec le plus grand soin, est arrivé à la conviction profonde qu’il existait dans cette affection une lésion organique constante, le ramollissement de la couche corticale du cerveau.

Il est vrai qu’on a cité quelques faits de paralysie générale sans lésion appréciable de la surface du cerveau ; il est certain, en outre, que chez d’autres aliénés, chez des individus adonnés pendant leur vie à l’ivresse, et même chez des individus sains d’esprit, particulièrement chez les vieillards, on constate assez fréquemment des opacités des méninges et de légers épanchements de sérosité, qui présentent de l’analogie avec les lésions trouvées chez les aliénés paralytiques. Néanmoins il est impossible d’avoir fait un grand nombre d’ouvertures d’aliénés atteints de folie paralytique, sans avoir été frappé de la fréquence et de l’intensité des lésions de la surface du cerveau, et surtout du ramollissement de la couche corticale des lobes antérieurs, qui paraît, dans cette maladie, ainsi que l’a dit Parchappe, la lésion la plus constante.

En résumé, donc, sans pouvoir assurer que ces lésions des méninges et de la surface du cerveau soient la véritable condition organique de la paralysie générale des aliénés, il nous semble impossible, dans l’état actuel de la science, de ne pas les considérer comme un caractère important de cette affection.

Nous n’insisterons pas davantage ici sur ces deux ordres de caractères, physiques et anatomiques, de la folie paralytique, parce qu’ils ont été étudiés avec grand soin par plusieurs auteurs ; mais, pour établir l’existence de cette forme spéciale de maladie mentale, deux

  1. Parchappe, Traité théorique et pratique de la folie, 1841.