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paralysie, qui consistait plutôt en tremblements et en mouvements convulsifs qu’en une véritable paralysie, ainsi que le compte rendu de l’autopsie, sont loin de démontrer, comme l’a déjà fait remarquer M. Baillarger, que ce fait fût un exemple de paralysie générale vraie. M. Calmeil ajoute d’ailleurs que les cas de ce genre lui paraissent très rares, et qu’à Charenton la paralysie s’est presque toujours manifestée peu de temps après l’aliénation mentale. Esquirol lui-même, qui cependant, dans plusieurs autres passages de ses ouvrages, considère la paralysie comme une terminaison de la folie passée à l’état chronique, exprime ailleurs la même pensée que M. Calmeil, presque dans les mêmes termes. Le Dr Burrows ayant attribué aux mauvaises conditions hygiéniques des asiles la fréquence plus grande des paralytiques en France qu’en Angleterre, Esquirol lui répond « que les aliénés paralytiques qu’il a observés à la Salpêtrière, à Bicêtre et à Charenton, ne sont point tombés dans cet état pendant leur séjour dans ces établissements, mais étaient paralytiques avant d’y entrer ».

Ces citations, empruntées à des auteurs aussi estimés, nous paraissent suffisantes pour le but que nous nous proposons ici. Mais, pour constituer la folie paralytique à l’état de forme spéciale de maladie mentale, la chose la plus importante n’est pas de montrer que le symptôme paralysie générale ne survient pas dans les folies anciennes ; il importe surtout de faire reposer cette forme sur d’autres caractères que sur le seul symptôme paralysie ; il faut montrer qu’elle est constituée par un ensemble de phénomènes dont la réunion est indispensable pour en faire une espèce naturelle. Et d’abord, comme l’a déjà dit M. Calmeil[1], ce qui caractérise cette affection, ce n’est pas seulement, comme on est trop disposé à le croire, le fait d’une paralysie générale quelconque, c’est l’existence d’une paralysie spéciale, dont les signes ont été très bien indiqués par les premiers auteurs qui l’ont observée, et seront rappelés d’ailleurs dans la seconde partie de ce travail. Un second caractère, également bien étudié par les auteurs et en particulier par Bayle, Calmeil, Parchappe, Foville, etc., est celui qui dérive des lésions anatomiques. On a beaucoup discuté sur la constance de ces lésions et sur

  1. Esquirol, page 312.