Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nés : j’ai préféré à ce mot, qui implique l’idée de complication, et à celui de paralysie progressive, qui se lie à l’idée de maladie distincte de la folie, le mot de folie paralytique ; ce mot, employé par M. Parchappe, me paraît en effet celui qui correspond le mieux à l’idée de forme spéciale de la folie. On m’objectera que puisque j’admets que cette maladie peut débuter sans délire, le mot de folie devient alors impropre ; je réponds qu’il n’en est pas ainsi, puisque dans ces cas mêmes, le trouble des facultés intellectuelles survient tôt ou tard, et que ces faits sont d’ailleurs exceptionnels.

On dira que, même en accordant au délire une importance égale à celle de la paralysie, ce n’est pas une raison pour donner la préférence au délire, puisque ces deux symptômes sont au même titre l’expression d’une même maladie ; à cela je réponds que, sans attacher une grande importance à la préséance d’un symptôme sur l’autre, je crois devoir, lorsqu’il s’agit de se prononcer, accorder la prééminence au délire, parce qu’il est presque toujours, dès le début, le phénomène le plus saillant, qu’il est longtemps le seul aperçu, qu’enfin, s’il est des cas qui débutent par la paralysie, il en est aussi d’autres qui débutent par le délire. Je repousse le mot de paralysie progressive pour conserver cette maladie dans le cadre des maladies mentales. Ce mot, en fixant exclusivement l’attention sur le symptôme paralysie, et en lui donnant pour caractère principal celui de la progression, qui peut s’appliquer à presque toutes les maladies, est devenu, ainsi que le mot de paralysie générale, la cause de la plupart des confusions contre lesquelles je m’élève et contre lesquelles il ne me paraît pas exister de meilleur moyen de réagir que de supprimer le mot même qui leur a donné naissance.


PREMIÈRE PARTIE

DE LA FOLIE PARALYTIQUE, CONSIDÉRÉE COMME FORME SPÉCIALE
DE MALADIE MENTALE

Deux opinions principales, nous l’avons déjà dit, existent parmi les médecins sur la paralysie générale dans ses rapports avec l’alié-