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la fois par des symptômes physiques et moraux, et par des lésions anatomiques.

Dans la troisième, surtout préconisée par Requin[1], Baillarger, Lunier[2], Hubert-Rodrigues[3], on confond, à l’aide du seul symptôme paralysie, les faits de paralysie générale sans délire et ceux avec délire, en une seule et même maladie, sous le nom de paralysie générale progressive.

Enfin, dans la quatrième, admise par Sandras[4], Brierre de Boismont[5], et Duchenne de Boulogne, on reconnaît deux espèces principales de paralysies générales : la paralysie avec aliénation et la paralysie sans aliénation.

Au milieu de cette divergence d’opinions, le seul moyen d’arriver à la vérité consiste dans l’observation comparative des malades dans les asiles d’aliénés et dans les hôpitaux ordinaires. Avant de se livrer à cette double observation clinique, il importe de préciser exactement les termes de la question à résoudre. Existe-t-il deux espèces de paralysie générale, l’une avec aliénation, l’autre sans aliénation, ou bien est-ce là une seule et même maladie ? telle est la question aujourd’hui posée : eh bien, ce n’est pas, selon nous, la question la plus importante à résoudre tout d’abord. Avant de se demander si toutes les paralysies générales se terminent ou ne se terminent pas par le délire, il convient de savoir ce qu’on doit entendre par paralysie générale, et si ce ne serait pas un symptôme de maladies diverses, au lieu de constituer réellement une individualité maladive. On doit donc, à notre avis, placer la discussion sur un autre terrain. Aussi, aurons-nous pour but d’opposer la paralysie générale, considérée comme maladie, à la paralysie générale, envisagée comme symptôme de maladies diverses. Nous chercherons, d’une part, à démontrer qu’il existe une forme de la folie, caractérisée non seulement par cette paralysie spéciale, mais par un ensemble de phénomènes physiques et moraux et par sa marche particulière ; nous chercherons, d’autre part, à prouver que la paralysie générale peut

  1. Requin, Éléments de pathologie, t. II, 1846.
  2. Lunier, Recherches sur la paralysie générale progressive, 1849.
  3. Hubert-Rodrigues, Traité de la paralysie générale chronique ; Anvers, 1847.
  4. Sandras, Traité pratique des maladies nerveuses, t. II, 1851.
  5. Brierre de Boismont, Supplément au Dict. des dict. de médecine, art. Paralysie Progressive, 1851.