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questions nouvelles, qui sont loin d’être résolues, ont tellement modifié le point de vue auquel un certain nombre de médecins envisagent aujourd’hui l’histoire de cette affection, qu’elle a pris ainsi une nouvelle face. Un court historique est donc indispensable pour faire comprendre la situation des esprits relativement à la maladie qui nous occupe.

Lorsque, pour la première fois, Delaye, Bayle et Calmeil signalèrent à l’attention des médecins, et décrivirent avec tant d’exactitude, la paralysie survenant chez les aliénés, la circonstance du lieu où ils observaient cette affection, la nature des malades qu’ils avaient sous les yeux, et les seules périodes dont ils pouvaient être témoins, les conduisirent naturellement à regarder la maladie comme se produisant exclusivement chez les aliénés, et même comme une simple complication de l’aliénation mentale.

Bayle, il est vrai, en cherchant à mettre cette paralysie spéciale en rapport avec des lésions anatomiques constantes et un délire particulier qui, suivant lui, ne manquait presque jamais, admit qu’elle était plutôt une forme qu’une complication de l’aliénation mentale ; toutefois, l’idée de complication, patronnée sans réserve par Esquirol, fut acceptée par le plus grand nombre de ses élèves, et pendant une vingtaine d’années régna presque sans conteste dans la science.

Parchappe chercha bien, en 1838 et 1841, à prouver que cette maladie était liée à une lésion anatomique constante, le ramollissement de la couche corticale du cerveau, et qu’elle méritait le nom spécial de folie paralytique ; mais il reconnut en même temps que tantôt la paralysie pouvait, dès le début, constituer une forme de maladie mentale, et tantôt, au contraire, ne survenir que dans les aliénations déjà anciennes. Il consacra ainsi, pour ce dernier ordre de faits, l’idée de complication.

Plus tard, on signala dans les hôpitaux ordinaires quelques malades qui parurent présenter la même paralysie que les aliénés observés dans les asiles spéciaux, et chez lesquels on ne constatait pas de perturbation des facultés intellectuelles. De plus, M. Baillarger, en fixant son attention, d’une manière particulière, sur les débuts de la paralysie générale chez les aliénés, crut découvrir que la paralysie précédait presque toujours l’apparition du délire. Il en conclut qu’elle était, dans cette maladie, le phénomène primitif et