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borne à faire figurer, à titre de symptômes, parmi les troubles actifs de la motilité, auxquels il donne le nom d’hypercinèses.

Eh bien, entre ces deux méthodes également exclusives, pour étudier et constituer les maladies cérébrales, la méthode anatomique et la méthode séméiologique, il en est une troisième que nous appellerons nosologique, qui participe des avantages de l’une et de l’autre, et qui peut seule, selon nous, contribuer au perfectionnement de la science. Au lieu de vouloir tout réduire, dans l’examen des maladies cérébrales, soit à la connaissance des lésions anatomiques, soit au classement artificiel des symptômes considérés dans leur isolement, il faut sans doute tenir grand compte de ces deux ordres de travaux comme éléments importants de la pathologie cérébrale, mais il ne faut pas borner là son étude. Après avoir envisagé séparément ces deux ordres de caractères, il faut chercher à les réunir, à les grouper dans l’ordre où la maladie elle-même nous les présente, dans leur mode de succession naturelle. Après l’analyse détaillée de chacun d’eux, nécessaire pour en faciliter l’étude exacte et complète, il faut s’élever à une nouvelle synthèse et chercher à reconstituer, à l’aide de ces éléments épars, la maladie dans son ensemble et dans sa marche, avec ses prodromes, ses diverses bases et ses terminaisons.

En résumé, si l’on veut faire progresser la connaissance des affections du cerveau, il est utile sans doute d’en étudier, d’une manière approfondie, la séméiologie, ainsi que l’a fait le Dr Winslow ; mais, après l’étude des symptômes, il faut chercher à faire celle des maladies. Au lieu de fragmenter artificiellement les divers éléments qui les composent, il faut s’attacher à les décrire dans leur ensemble et dans leur évolution naturelle ; au lieu de faire de la séméiologie pure et simple, il faut faire de la nosologie, et remettre à la place qu’il occupe réellement dans la nature chacun des signes qu’on a d’abord examinés séparément. C’est seulement à cette condition de faire succéder la nosologie à la séméiologie que l’on pourra imprimer un véritable progrès à la pathologie, encore si obscure et si peu avancée, des affections cérébrales.