Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux méthodes principales existent en médecine pour arriver à connaître les maladies et à constituer les espèces morbides : la méthode anatomique et la méthode symptomatique.

Dans la première, on recherche avant tout la lésion comme base unique sur laquelle on fait reposer l’unité morbide, et l’on subordonne ensuite à cette lésion tous les symptômes qui n’ont plus pour cette école qu’une importance secondaire. Cette méthode, dans tous les cas où elle est applicable, c’est-à-dire lorsqu’on découvre une lésion assez constante pour pouvoir grouper autour d’elle tous les symptômes observés, a certainement un grand avantage ; elle fournit à l’esprit un point de repère fixe et inébranlable, auquel il peut se rattacher, et qui lui permet de se reconnaître au milieu de la diversité et de la mobilité des phénomènes. Mais cette méthode a souvent pour résultat de faire une trop grande abstraction des diversités de marche et de symptômes que nous offre l’observation de la nature ; elle nous fait négliger l’étude attentive des nuances et des délicatesses de symptômes qui ont cependant une grande importance aux yeux du praticien ; enfin, elle réunit, autour d’une même altération anatomique, un trop grand nombre de faits dissemblables au point de vue symptomatique, sous le prétexte de l’identité de la lésion. C’est ce qui est arrivé, par exemple, dans l’étude des affections cérébrales, pour le ramollissement du cerveau, maladie constituée uniquement sur la base anatomique, et dans laquelle on a rassemblé artificiellement un grand nombre de faits disparates sous le rapport de leurs symptômes et de leur marche, et qui, au point de vue d’une science plus avancée, ne devraient pas figurer pêle-mêle dans la même catégorie. Il en est encore ainsi des cas si nombreux, décrits sous le nom vague et élastique de congestions et d’inflammations encéphaliques, qu’une science exclusivement anatomique réunit dans un même groupe beaucoup trop vaste pour les comprendre tous, sans tenir compte des différences fondamentales qui les séparent, sous le rapport de l’ensemble de leurs symptômes et de leur marche.

Mais, si la méthode purement anatomique, qui ne tient compte que des lésions pour constituer les maladies, a, dans la pathologie cérébrale, l’inconvénient grave de faire des catégories trop étendues, qu’une science plus perfectionnée doit chercher à séparer en plu-