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doit admettre le retour de la responsabilité, comme dans les périodes de guérison des folies intermittentes.

Mais que penser des périodes de transition entre les deux états et des phases de simple rémission qui ne constituent pas un véritable intervalle lucide ?

Il en est des aliénés circulaires comme des épileptiques. Lorsqu’ils sont en plein accès de délire, ils sont évidemment irresponsables, mais lorsqu’ils se trouvent dans un état intermédiaire, on peut se demander jusqu’à quel point leur responsabilité existe, malgré les apparences de raison qu’ils présentent et puisqu’il y a doute, dans les états mixtes, ils doivent profiter du bénéfice de l’irresponsabilité, les présomptions étant évidemment dans ce sens plutôt qu’en faveur de la persistance complète du libre arbitre.

Les difficultés de la médecine légale sont encore plus grandes dans les cas légers de folie circulaire, sur lesquels nous avons insisté précédemment, lorsque ces malades vivent en liberté dans leurs familles et ne sont considérés par personne comme des aliénés.

Dans ces cas, les périodes d’excitation et de dépression existent réellement d’une manière évidente pour un observateur exercé, mais elles sont souvent tellement atténuées, qu’elles sont méconnues par les familles et par le public et sont regardées comme de simples variations d’humeur ou de caractère et non comme l’expression d’un véritable état maladif. Il en est de même d’autres cas de folie circulaire, également observés dans la société, une seule des périodes, tantôt la période mélancolique et tantôt la période maniaque, est considérée comme maladive, tandis que l’autre, plus légère, est prise pour un retour à l’état normal et au caractère naturel de l’individu.

Or, que dire de la responsabilité de ces malades et surtout de la valeur d’un testament fait dans ces conditions mentales ? Le médecin expert partagera-t-il l’avis du malade lui-même, de sa famille et du public en général, ou bien se prononcera-t-il dans le sens d’un état maladif bien caractérisé ?

Lorsque les individus de ce genre, qui sont le plus souvent des descendants d’aliénés, ayant vécu dans le monde, ont passé quinze ou vingt ans dans des alternatives successives de dépression et d’excitation, et laissent après leur mort un testament contesté