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La perte subite de la vue est aussi un signe fréquent des affections du cerveau et en particulier un symptôme précurseur de l’hémorragie cérébrale ; il est assez remarquable que, dans un certain nombre de cas de perte subite de la vision, la vue se rétablit quelquefois tout à coup, au bout d’un certain temps, ou bien reparaît et disparaît à plusieurs reprises pendant le cours de la maladie du cerveau.

L’exaltation de la vision est également quelquefois observée comme prodrome des affections encéphaliques ; le malade accuse alors soit une sensibilité exagérée de la rétine, soit une extension anormale des capacités visuelles. On observe quelquefois ce symptôme plusieurs jours avant une attaque d’apoplexie ou une inflammation du cerveau.

L’acuité excessive de l’ouïe est fréquemment aussi un signe prodromique de ces maladies, de même que la surdité ou divers troubles des fonctions auditives, tels que bourdonnements, bruits de cloches, illusions et même hallucinations de l’ouïe, s’observent encore dans diverses phases des maladies du cerveau ou du crâne. Ces phénomènes de perversion du sens de l’ouïe sont quelquefois accompagnés d’écoulement par l’oreille, ainsi qu’on l’observe surtout dans les cas de carie du rocher, avec complications encéphaliques, chez les enfants scrofuleux.

Les sens de l’odorat, du goût et du tact présentent aussi des perturbations correspondantes, mais sans aucune particularité qui nécessite une mention spéciale.

Pour terminer l’examen des symptômes propres aux affections cérébrales, nous aurions encore à suivre l’auteur dans deux chapitres qu’il consacre, l’un à l’étude des signes tirés du sommeil et des rêves, et l’autre aux altérations concomitantes des organes autres que le cerveau ; mais nous avons hâte d’arriver à la conclusion que nous voulons tirer de cette revue de l’ouvrage si intéressant du Dr Winslow.

La séméiologie des affections du cerveau, telle que nous venons de l’esquisser à grands traits, et telle que le Dr Winslow l’a décrite dans ses détails, a certainement un grand intérêt et contribue pour sa part à la connaissance plus exacte de ces maladies ; mais ce n’est là qu’une branche de la pathologie cérébrale, ce n’est pas cette pathologie tout entière.