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Anatomie pathologique. — On a eu très rarement l’occasion de faire l’autopsie de malades atteints de cette forme d’affection mentale. Ils meurent ordinairement à un âge avancé, car dans tous les asiles d’aliénés, on trouve quelques-uns de ces malades arrivés à l’âge de 60 ou 70 ans, et même davantage. J’ai fait autrefois à la Salpêtrière, dans le service de mon père, l’autopsie d’une malade qui avait été atteinte pendant de longues années, de folie circulaire, et j’ai trouvé chez elle des lésions évidentes de méningite chronique (opacité et épaississement des méninges, sérosité abondante sous-arachnoïdienne et dans les ventricules, etc., etc.) ; mais le cerveau lui-même, quoique congestionné dans son ensemble, paraissait être à peu près dans son état normal.

Ce qu’il faut noter, c’est qu’en général ces malades meurent de congestion cérébrale ou d’accidents cérébraux aigus et rapides, et qu’ils ont tous des tendances à l’apoplexie ou aux phénomènes cérébraux de nature congestive, ainsi que le prouvent certains symptômes observés chez eux de temps en temps pendant leur vie, surtout dans les périodes d’excitation.

Traitement. — La folie circulaire est une maladie très grave, dont l’évolution est presque fatale et dans laquelle on ne peut espérer obtenir par le traitement que des rémissions plus prononcées ou plus prolongées. On n’arrive même pas, en général, par des médicaments appropriés, à diminuer l’intensité ou la durée des accès de mélancolie ou d’excitation, sur lesquels les agents même les plus énergiques ne semblent pas avoir de prise. Cependant, on a essayé plusieurs moyens pour diminuer l’intensité des accès, par exemple le sulfate de quinine, employé surtout dans les cas de folie circulaire à courts accès, dans lesquels les périodes ne durent, par exemple, que deux ou trois jours et constituent ainsi une véritable folie périodique ou intermittente à double forme. Legrand du Saulle a relaté un fait de ce genre dans lequel il aurait obtenu la guérison.

Dans d’autres cas, on a expérimenté les injections de morphine, la digitale, le bromure de potassium, etc., qui ont paru atténuer l’intensité des accès, soit d’excitation, soit de dépression. Mais dans la plupart des cas, tous ces moyens, même l’hydrothérapie dans les périodes de dépression, ne semblent exercer aucune influence favorable, pendant la période d’intensité des accès. Lorsqu’ils parais-