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heur et leurs bienfaits, tandis que les circulaires sont essentiellement malveillants et ont une satisfaction vraiment satanique à nuire à tous ceux qui les entourent, comme les hystériques. À l’aide de ces caractères différentiels réunis, puisés dans l’étude des symptômes et de la marche des deux affections, on peut arriver le plus souvent à établir entre elles un diagnostic vraiment scientifique.

Pronostic. — Le pronostic de la folie circulaire est toujours grave. En effet, cette maladie ne guérit presque jamais, pour ne pas dire jamais. Mon père a déjà indiqué, dès l’origine, ce pronostic d’incurabilité[1]. Il a même fait cette remarque intéressante, qu’il était bien singulier de voir deux états mélancoliques et maniaques qui, pris isolément, étaient plus curables que d’autres, acquérir une véritable incurabilité quand ils se trouvaient réunis chez un même malade pour constituer, par leur succession régulière, la forme circulaire de la folie.

Cependant, pour établir un pronostic plus rigoureux et plus exact dans chaque cas particulier, il importe de tenir compte de toutes les variétés de marche que nous avons décrites précédemment.

Lorsqu’un malade a été atteint successivement de plusieurs accès bien caractérisés de folie circulaire, on peut affirmer qu’il présentera, pendant toute sa vie, cette même forme de maladie mentale jusqu’à sa mort, avec de simples différences de durée ou d’intensité dans chacun des accès, ou dans chacune de leurs périodes.

Comme nous l’avons dit précédemment, tous les accès ne sont pas toujours absolument identiques chez le même malade. On peut observer, par exemple, deux cercles très intenses, suivis d’autres cercles plus atténués qui peuvent passer inaperçus, soit dans la période maniaque, soit dans la période mélancolique, soit dans les deux à la fois. On voit alors ces malades sortir des asiles et rentrer dans leurs familles, l’alternance des deux états, quand elle se reproduit, passe inaperçue, parce qu’ils sont atténués d’une manière très notable. Or, cette atténuation des symptômes peut durer pendant longtemps, jusqu’à ce qu’il survienne un nouvel accès plus intense qui oblige à replacer ces malades dans les asiles, d’où ils étaient sortis plusieurs années auparavant.

  1. J.-P. Falret, Gazette des hôpitaux, 1951.