Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/620

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convulsifs, embarras momentané de la parole, paralysies partielles incomplètes et de courte durée, hémiplégies passagères, etc., etc. Ces accidents cérébraux sont habituellement peu intenses et de courte durée ; ils sont, en général, assez faciles à distinguer de ceux de la paralysie générale, quoiqu’ils prêtent parfois à la confusion et rendent le diagnostic différentiel difficile ; mais ils se reproduisent, à plusieurs reprises, pendant la vie de ces malades. Ils méritent donc au plus haut degré d’attirer l’attention des observateurs, à cause des relations qu’ils permettent d’établir entre la folie circulaire et d’autres affections cérébrales, ou d’autres formes de maladies mentales.

Ces accidents congestifs doivent d’autant plus fixer l’attention que, d’après nos observations particulières, ils se produisent surtout dans les dernières périodes de la maladie et peuvent être considérés, dans quelques cas, comme la cause de la mort subite de ces malades, surtout lorsqu’elle a lieu pendant la période d’excitation. Nous nous bornerons à mentionner ici ce fait, qui nous paraît digne d’être étudié avec plus de soin qu’on ne l’a fait jusqu’à présent ; mais nous ne pouvons nous empêcher d’y joindre une réflexion générale qui s’impose à notre esprit. N’est-il pas étonnant, qu’une forme de maladie mentale, comme la folie circulaire, qui étudiée psychologiquement, semble consister presque exclusivement, dans des lésions de l’ordre intellectuel et moral et qui, observée dans ses degrés les plus modérés, se rapproche tellement de l’état normal qu’on la confond souvent avec de simples variations d’humeur ou du caractère, ait néanmoins une attache cérébrale si profonde qu’elle s’accompagne plus souvent d’accidents cérébraux que la plupart des autres formes de la folie vésanique ou essentielle ?

Ce fait clinique, qui surprend au premier abord, nous étonnera beaucoup moins et deviendra même un véritable trait de lumière, lorsque nous le rapprocherons d’un autre fait d’observation encore peu connu, mais qui nous paraît, pour notre part, tout à fait démontré. En effet, dans la plupart des folies raisonnantes ou des folies appelées plus spécialement héréditaires, on a constaté également l’existence d’accidents cérébraux congestifs, se reproduisant à plusieurs reprises pendant la vie des malades et déterminant souvent leur mort, ainsi que l’ont prouvé, il y a quelques années, la mort subite et l’autopsie de l’avocat Sandon, dans le cerveau duquel on