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la vie. Mais ces exemples de très longs intervalles de raison nous paraissent devoir être interprétés à la lumière de tous les faits intermédiaires, dans lesquels cet intervalle peut présenter une durée de plus en plus prolongée.

Rien n’empêche donc d’admettre, dans ces cas, la continuité du cercle, malgré la longueur de l’intervalle lucide, d’autant plus que les cercles suivants peuvent avoir, dans l’une ou dans l’autre de leurs périodes, une étendue beaucoup moindre que celui qui avait attiré l’attention par la prolongation inaccoutumée de son intervalle lucide.

Degrés variables d’intensité des différents stades. — Ce que nous venons de dire de la durée variable des accès et de chacune de leurs périodes, s’applique également aux degrés d’intensité variés des divers stades de la folie circulaire chez des individus différents, ou chez un même malade.

La folie circulaire appartient évidemment au groupe des folies périodiques. Comme telle, elle participe des signes distinctifs de ce genre d’affection. Les folies intermittentes, envisagées d’une manière générale, ont en effet plusieurs caractères communs. D’abord, elles sont héréditaires, et généralement sous une forme similaire chez les ascendants et les descendants. Elles ont, de plus, une explosion rapide et une cessation également brusque. Elles n’ont pas, il est vrai, une durée exactement semblable pour tous les accès et ne se reproduisent pas à des époques tout à fait régulières (car dans la folie, la périodicité à époques fixes est rare), mais à chaque nouvel accès, chez un même malade, elles reparaissent avec des phénomènes physiques et moraux absolument identiques à ceux des accès précédents, non seulement dans l’ensemble des symptômes, mais même dans les détails en apparence les plus insignifiants.

C’est là le signe pour ainsi dire pathognomonique de toutes les folies périodiques, dans la forme maniaque, comme dans la forme mélancolique. Eh bien, ce caractère essentiel de toutes les folies intermittentes se retrouve le plus souvent dans la folie circulaire. On est vraiment frappé d’étonnement quand on assiste à plusieurs accès de cette affection chez un même malade, de voir se renouveler, dans le stade maniaque comme dans le stade mélancolique, les mêmes symptômes physiques, les mêmes phénomènes de l’ordre intellectuel et moral, les mêmes paroles, les mêmes conceptions délirantes, les