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le plus souvent par la période mélancolique, suivie d’un intervalle lucide assez prolongé, avant l’explosion de l’état maniaque.

Est-il vrai également, comme on l’a prétendu, que la maladie ne prend pas toujours d’emblée son caractère accentué de folie à double forme, et qu’elle peut, dans quelques cas rares, se présenter d’abord sous la forme de plusieurs accès mélancoliques simples, séparés par des intervalles de raison plus ou moins prolongés, avant que survienne le premier accès maniaque, à la suite duquel la maladie arrive enfin à se constituer définitivement et à revêtir le caractère d’accès à double forme, qu’elle conserve désormais pendant toute la vie des individus qui en sont atteints ? Ces points de l’histoire de la folie circulaire, dans ses premiers débuts, nous paraissent encore obscurs et ne nous semblent pas pouvoir être établis avec certitude à l’aide des observations actuellement connues.

Quoi qu’il en soit, la maladie, une fois constituée à l’état d’accès à double forme, conserve ce caractère essentiel, avec de simples différences de degré ou de durée, pendant toute la vie des individus qui en sont atteints.

Ces différences dans le degré d’intensité des accès et de chacun de leurs stades, chez le même individu ou chez des individus différents, de même que dans la durée des périodes diverses ont une grande importance pratique et méritent d’être étudiées avec soin, comme variétés distinctes dans l’évolution de la maladie.

Variétés de marche. — Et d’abord, on doit admettre, dans la marche de la folie circulaire deux grandes divisions principales, sous le rapport de la durée relative des accès : La folie circulaire à courtes périodes et la folie circulaire à longues périodes.

La première catégorie de faits est la plus rare, mais on l’observe encore assez fréquemment pour qu’elle mérite une mention spéciale. On a cité, en effet, un certain nombre d’observations de folie circulaire, dans lesquelles la durée de chaque stade était réellement très courte, depuis les cas très rares d’alternances des deux états de deux jours l’un, ou à quelques jours seulement d’intervalle, jusqu’aux faits où la durée de chaque période, maniaque ou mélancolique, oscille entre trois semaines ou un mois environ.

Dans ce cas, l’intervalle lucide n’existe, pour ainsi dire, pas et cette variété de folie circulaire pourrait à plus juste titre porter le