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SECONDE PARTIE

MARCHE DE LA FOLIE CIRCULAIRE

Période de début. — Cette maladie, essentiellement constitutionnelle et héréditaire, débute le plus souvent après l’époque de la puberté, sans causes occasionnelles appréciables, ou du moins sous l’influence de causes insuffisantes pour en expliquer la production.

Quelquefois cependant elle ne survient qu’à une époque plus avancée de la vie, à la suite d’une chute sur la tête ou d’une cause traumatique quelconque, après l’accouchement ou sous l’influence d’une cause morale qui semble pouvoir être mise en relation avec l’origine de cette affection. Ses débuts sont du reste peu connus. Rarement, en effet, elle est observée par les médecins à cette période, et l’on est obligé de reconstituer l’histoire des premières phases de la maladie, à l’aide des renseignements fournis par les parents ou par les malades eux-mêmes, longtemps après sa première apparition.

Le début le plus ordinaire a-t-il lieu par la phase mélancolique ou par la phase maniaque ? C’est là un point de l’histoire de cette maladie qui nous paraît encore douteux, dans l’état actuel de la science, et qui appelle de nouvelles observations.

Il existe, il est vrai, des faits de deux ordres, mais quel est le cas le plus fréquent, c’est ce qu’il est difficile d’établir avec certitude.

Pour notre part, nous sommes disposés à admettre, avec plusieurs auteurs, que le début le plus habituel se fait par la période mélancolique, plutôt que par la période maniaque, ainsi que Guislain l’a proclamé du reste pour toutes les maladies mentales. Ce stade mélancolique initial est-il plus intense et plus prolongé que les stades mélancoliques de cercles ultérieurs, et est-il suivi d’un intervalle lucide plus long et plus complet que tous les autres, ainsi que l’affirme Ludwig Meyer[1] ? C’est ce qu’il est bien difficile d’établir scientifiquement ; toujours est-il que la folie circulaire paraît débuter

  1. Ludwig Meyer, Archiv für psychiatrie, t. IV, p. 141 ; Berlin, 1873.