Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forme de vertige nerveux n’existe pas seulement dans l’épilepsie essentielle, mais se produit également dans des affections organiques du cerveau. Le malade est pris subitement, souvent plusieurs fois dans le cours d’une même journée, d’une suspension complète de tout rapport avec le monde extérieur, qui survient dans toutes les positions du corps ; il arrête brusquement, pendant quelques secondes, l’action commencée, laquelle continue aussitôt après la cessation du vertige. Ce symptôme très fréquent a une véritable importance comme signe prodromique.

La céphalalgie également a une grande valeur dans le diagnostic des maladies de l’encéphale. Elle n’existe pas toujours, mais elle est très fréquente, et a lieu même dans des cas où les malades en nient l’existence parce qu’ils en perdent le souvenir, comme par exemple dans la première période de la paralysie générale et dans le ramollissement. Elle est habituellement extrêmement aiguë, quelquefois au point d’arracher des cris au malade, surtout dans les tumeurs du cerveau. Elle est le plus souvent localisée dans un point déterminé de la tête, qui est loin d’être en rapport constant avec le siège de la lésion, excepté peut-être pour les lésions du cervelet. Elle se produit habituellement sous forme de paroxysmes, s’accompagne fréquemment de vomissements, et est ordinairement très augmentée par les mouvements imprimés au tronc ou à la tête.

L’anesthésie est plus souvent liée aux affections cérébrales que l’hyperesthésie ; elle survient souvent quelques jours ou quelques heures avant des attaques aiguës de maladie du cerveau. On l’a quelquefois observée plusieurs années avant tout autre symptôme. Fréquemment, avant de constater cette diminution de la sensibilité, le malade a conscience de sensations particulières dans les parties affectées ; il se frotte les mains, les bras, les jambes, dans le but de ranimer la circulation dans ces parties ; il a la sensation de fourmillements, d’engourdissement. L’engourdissement, la sensation de froid ou de fourmillement, dans un des doigts du pied ou de la main, sont très fréquemment un signe prodromique d’hémorragie cérébrale. La conjonctive ou la muqueuse nasale présentent souvent aussi une remarquable insensibilité dans la première période de certaines maladies du cerveau. On observe quelquefois également une perte de sensibilité dans l’un des côtés de la bouche, symptôme