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maintien, un ensemble de caractères qui les distinguent de tous les autres malades atteints, comme eux, d’un délire maniaque plus ou moins intense. Ils conservent à première vue certaines apparences de la raison, et cependant ils sont en réalité les plus désordonnés des aliénés.

Pendant leur excitation, même la moins intense, ils ne font rien comme tout le monde et se singularisent dans chacun de leurs actes. Leur manière de marcher, de parler et de se présenter, leur attitude, leurs poses, leur maintien ont quelque chose de tout à fait spécial, qui permet de les reconnaître, même à distance, dans les cours des asiles d’aliénés. Il n’est pas jusqu’à leur manière de se vêtir, à leur accoutrement, qui n’ait quelque chose de particulier. Leurs vêtements sont en désordre, à moitié déchirés, malpropres et bizarrement disposés, et dans nos asiles modernes, aujourd’hui si régulièrement administrés au point de vue de l’uniformité de la tenue des aliénés, les malades qui se trouvent dans la période d’excitation de la folie circulaire sont peut-être les seuls qui aient su conserver la bizarrerie et la singularité du costume qui caractérisait autrefois tous les habitants des asiles d’aliénés et qui étaient comme l’enseigne et la manifestation extérieure la plus saillante de la folie. Ces malades sont remuants, taquins, malpropres et désordonnés. Ils aiment à faire des niches ; ils ramassent tous les objets qui leur tombent sous la main, des papiers, des chiffons, des morceaux de bois ; ils en remplissent leurs poches et les tiroirs de leurs appartements, et l’on pourrait dire, sans exagération, qu’il suffirait presque de les fouiller pour arriver, sans aucun autre renseignement antérieur, au diagnostic de leur affection.

Les symptômes physiques correspondent exactement aux phénomènes de l’ordre intellectuel et moral, et ils peuvent tous se résumer dans le fait général de la surexcitation de toutes les fonctions : sentiment général de bien-être et d’exubérance de la santé ; besoin incessant de mouvement musculaire, sans jamais ressentir la moindre fatigue ; absence complète de toute sensation douloureuse ; insomnie habituelle ; accroissement de l’appétit ; augmentation d’activité des fonctions digestives et des fonctions de nutrition ; accélération du pouls et de la respiration ; surexcitation fréquente des fonctions génitales, chez l’homme et chez la femme ; enfin, légers symp-