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d’après Schrœder Van der Kolk ; à l’altération des lobes antérieurs du cerveau, d’après d’autres auteurs ; enfin elle se rencontre dans la plupart des affections du cerveau, quels que soient leur nature ou leur siège. Tantôt cette altération de la parole est à peine appréciable dans l’articulation de certains mots ; elle consiste alors plutôt dans la lenteur de l’articulation ou dans un effort peu sensible des muscles des lèvres, qui détermine une courte suspension entre les syllabes ou une sorte d’hésitation passagère, comme dans le début de la paralysie générale. Tantôt au contraire elle est très prononcée, rend le langage presque incompréhensible, et va même quelquefois jusqu’à l’impossibilité absolue de parler, comme cela a lieu dans certaines phases des affections organiques du cerveau. Un dernier fait enfin doit être mentionné relativement aux troubles de la parole, c’est le fait de sa suppression subite et momentanée, symptôme prodromique très important de l’hémorragie cérébrale ou du ramollissement.

Lésions de la sensibilité. — La sensibilité générale peut être affectée de diverses façons dans les affections encéphaliques. L’hyperesthésie est plus fréquente dans les maladies nerveuses que dans les affections organiques du cerveau. Cette exagération de la sensibilité peut être portée au point que le malade redoute le plus léger contact, le plus simple frôlement de la peau, un simple courant d’air, l’ouverture d’une porte, le bruit d’une feuille de papier, etc. On observe quelquefois cette augmentation de la sensibilité au début des inflammations du cerveau, ou dans les cas de tumeurs des corps restiformes, du pont de Varole, des tubercules quadrijumeaux, etc. On peut également observer une hyperesthésie générale, simulant des névralgies périphériques, dans certains cas d’affection cérébrale commençante, et lorsqu’il s’y joint des céphalalgies prolongées et quelques phénomènes psychiques, on doit craindre une maladie organique du cerveau, et non une simple maladie nerveuse.

Les altérations de la sensibilité cérébrale se manifestent sous deux formes principales, le vertige et la céphalalgie.

Le vertige est un des symptômes principaux des affections du cerveau ; il se manifeste ordinairement dès le début, et consiste dans une sensation de mouvement rotatoire, ou dans une perte momentanée de connaissance, qui constitue le vertige épileptique. Cette