Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/599

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le nombre des respirations par minute est notablement diminué. Le mouvement respiratoire est presque insensible, et quelques soupirs, qui se produisent de temps en temps, suppléent à l’insuffisance de la respiration habituelle. Le pouls surtout est très ralenti, et l’on a même cité quelques exemples où il était descendu à 45 pulsations par minute. Les extrémités sont froides, quelquefois même enflées ou bleuâtres, parce que la circulation y est très lente et très incomplète. Les urines sont rares et très peu abondantes, et la transpiration presque nulle.

Ces malades accusent le plus souvent une douleur poignante à la région de l’épigastre, douleur accompagnée d’angoisse physique et morale, représentant à la fois une sensation de pression douloureuse et de griffe, à laquelle on a donné le nom classique d’anxiété précordiale. La tête leur paraît lourde et comme serrée dans un étau, d’une tempe à l’autre, en même temps qu’ils accusent, dans l’intérieur du crane, un sentiment de vacuité qui leur est très pénible et qui ne les quitte presque jamais, pendant toute la période mélancolique, tandis que ces sensations disparaissent, comme par enchantement, lorsque surviennent les premiers symptômes de la période d’excitation.

Leurs actes, leur tenue et leur manière d’être se ressentent nécessairement de l’état général de dépression physique et morale.

Au lieu de sortir au dehors, de se promener, de faire des visites, de se livrer à diverses occupations, ils restent chez eux pendant des journées entières, pendant des semaines et même pendant plusieurs mois, dans la plus complète inaction.

Quelques-uns d’entre eux, dans les cas extrêmes, quand ils sont abandonnés à eux-mêmes, restent au lit presque constamment, ou bien ne sortent jamais de leur chambre, ne laissent entrer personne chez eux et s’y barricadent avec soin contre l’air et même contre la lumière.

Pendant cette période mélancolique, les malades n’ont aucun soin de leur personne. C’est à peine s’ils songent aux détails les plus indispensables de la propreté. Ils n’ont aucun souci de leur toilette, ils négligent tous leurs vêtements, et ne s’habillent qu’à moitié. Dans les cas extrêmes, ils ne songeraient même pas à manger ou à accomplir les actes les plus indispensables de la vie, si l’on ne