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XV

LA FOLIE CIRCULAIRE OU FOLIE À FORMES ALTERNES[1]

― 1878-1879 —

La pathologie mentale, malgré son apparente immobilité, fait tous les jours de nouveaux progrès. Les doctrines de nos maîtres, Pinel et Esquirol, dominent toujours notre science spéciale d’une manière presque exclusive, et sont acceptées comme la loi suprême, à laquelle personne encore ne songe à se soustraire.

Mais la science poursuit néanmoins sa marche progressive et, à chaque instant, de nouvelles découvertes viennent ébranler les fondements de leur classification, en attendant qu’une main puissante vienne enfin remanier de fond en comble cet édifice, aujourd’hui miné de toutes parts.

La découverte de la paralysie générale a été la première atteinte portée à cette classification. Cette maladie renferme en effet dans son sein les quatre formes principales de la classification régnante : la manie, la mélancolie, la monomanie et la démence, présentant des caractères spéciaux et dominées, comme de simples états symptomatiques, par une unité morbide supérieure, caractérisée anatomiquement par la périencéphalite chronique, aboutissant peu à peu à l’atrophie cérébrale progressive. L’observation attentive des diverses formes mentales que revêt l’alcoolisme, aigu ou chronique, a fait une nouvelle brèche dans la classification de nos maîtres, en démontrant que les quatre formes admises par eux pouvaient se trouver réunies, sous la dépendance d’une cause unique, l’intoxication alcoolique, qui leur imprimait des caractères particuliers permettant d’en reconnaître l’origine.

Il en est de même des études plus approfondies sur l’hérédité

  1. Archives générales de médecine, décembre 1878 et janvier 1819.