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III

Dans des conditions assez différentes et peut-être plus communes qu’on ne le croirait, c’est un vieillard qui imprime la direction au délire qu’un adulte, relativement jeune et faible d’intelligence, finit par adopter.

Les délires séniles, quand ils n’arrivent pas à la démence absolue, gardent un aspect raisonnable, ou commandent, par l’âge du délirant, une sorte de respect. Intermittents avec des intervalles de lucidité, excusés par des lacunes de mémoire, ils imposent tout au moins l’indulgence.

Nous ne suivrons pas la folie communiquée sur ce terrain, où les problèmes que soulève la sénilité multiplient les difficultés de la recherche. Aux deux âges extrêmes de la vie, chez l’enfant et chez le vieillard, les troubles de l’intelligence empruntent une partie de leurs caractères à l’évolution ou à l’involution, et ne se dégagent pas, stables, immobilisés, tout prêts pour l’étude, comme chez l’adulte.

IV.Conclusions.

Pour résumer ce travail sur la folie à deux, nous le terminerons par les conclusions suivantes :

1oDans les conditions ordinaires, la contagion de la folie n’a pas lieu d’un aliéné à un individu sain d’esprit, de même que la contagion des idées délirantes est très rare d’un aliéné à un autre aliéné.

2oLa contagion de la folie n’est possible que dans des conditions exceptionnelles que nous venons d’étudier sous le nom de folie à deux.

3oCes conditions spéciales peuvent être résumées ainsi :

a.Dans la folie à deux, l’un des individus est l’élément actif ; plus intelligent que l’autre, il crée le délire et l’impose progressivement au second, qui constitue l’élément passif. Celui-ci résiste d’abord, puis subit peu à peu la pression de son congénère, tout en réagissant à son tour sur lui, dans une certaine mesure, pour rectifier, amender et coordonner le délire, qui leur devient