affaires en vins avec un demi-succès, puis il succombe en 1865 à une maladie qui paraît avoir été un cancer de l’estomac.
N’ayant plus rien qui la retienne en province, Lucile revient à Paris avec sa fille âgée de trois ans ; elle se réfugie près de sa sœur et toutes les deux vivent de leur travail qui suffit aisément à leurs dépenses.
Joséphine a épousé un ouvrier en 1856 et n’a pas eu d’enfants, le mari menait une mauvaise conduite et les querelles étaient fréquentes. La femme d’ailleurs laborieuse et régulière a toujours été d’un caractère difficile. Dans les premiers mois de 1875, le mari est arrêté pour outrage à la pudeur. Un soir qu’il était demi-ivre, il s’est déboutonné devant une jeune fille qui a porté plainte. La prévention assez courte est suivie d’une condamnation à six mois de prison, réduits plus tard, à cause des antécédents relativement favorables du prévenu, à cinq mois.
On comprend quel coup porte le déshonneur imprévu dans la maison où les deux femmes vivaient étroitement liées par leurs affections et par un sens droit du devoir. Que faire ? À quoi se résoudre ? Faut-il pardonner ? Faut-il au contraire tenir rigueur et témoigner ainsi la répulsion profonde que la faute inspire ? Les délibérations se succèdent et se multiplient, sans qu’aucun incident apporte des éléments nouveaux de décision.
Un événement terrible n’excède pas habituellement les forces des intelligences même débiles. Il en est autrement de la perplexité qui use peu à peu les meilleurs courages et creuse comme la goutte d’eau proverbiale. Peut-être ne trouverait-on pas une condition plus désavantageuse à l’intégrité de l’intelligence ?
Joséphine est la plus intéressée dans la résolution ; elle hésite des mois et finit par se résoudre à quitter son logis, pour une autre installation. C’est dans le nouveau domicile que rentre le mari, après l’expiration de sa peine gracieusement abrégée. Les difficultés de toutes sortes recommencent. Il est alternativement accepté et repoussé, jusqu’au jour où fatigué de cette lutte avec deux femmes, dont l’une est déjà maladive, il annonce qu’il va vivre dans un hôtel garni, mais qu’il maintient son droit à l’habitation conjugale et qu’il saura bien forcer la main à sa femme récalcitrante, en lui faisant un procès qu’elle est sûre de perdre.