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parlée ; on en cause, on la commente à deux et après un an de réflexion inquiète, on se décide à suivre sur cette entrée en matière.

Un M. C…, homme d’affaires, que le parent héritier présumé a connu, doit être chargé de la succession qu’ils sont trois à se partager, les deux malades, une de leurs parentes encore vivante et le nommé R…

La mère, incitée par la fille, se rend chez M. C… ; elle lui demande d’avancer de l’argent ou de lui confier un titre sur lequel elle puisse provisoirement emprunter. Celui-ci refuse, met la femme à la porte, déclarant qu’il ne sait de quelles affaires il s’agit. Néanmoins, il a dit à une femme : c’est vrai, et à une autre, qu’elles s’occupent de leurs affaires.

La fille écrit à M. C… lettres sur lettres, mais ne reçoit pas de réponses et ce silence, qu’elle n’ose rompre par une nouvelle visite devient un argument de plus en faveur du bien-fondé de ses prétentions.

C’est sur ces entrefaites qu’a lieu le voyage à Paris. Les deux femmes descendent, comme nous l’avons dit, dans une maison garnie tenue par une dame X… Elles cherchent de l’ouvrage et n’en trouvent pas. On offre à la fille une place d’institutrice en Pologne ; elle la refuse parce que son absence nuirait au succès de l’entreprise.

La maîtresse de l’hôtel paraît avoir subi, à quelque degré, l’influence de ce délire, qui serait devenu peut-être une aliénation à trois si les relations avaient été plus étroites et plus durables. Cependant, on est de plus en plus réduit aux expédients ; on vend le peu qu’on possède, une bague, du linge, et le bagage finit par se réduire à la possession de quelques hardes.

Moitié pitié, moitié confiance dans un meilleur avenir, la dame X… avance quelques francs peu à peu ; la dette s’accroît vite, puisqu’aucune des dépenses de loyer ou de nourriture n’est payée et elle monte à près de 100 francs.

Pourquoi la maîtresse d’hôtel a-t-elle été si favorable, pourquoi y a-t-elle été de sa bourse ? On ne court pas de pareils risques quand on n’a pas de raisons pour le faire. C’est qu’elle avait pris des informations, qu’elle savait la succession prochainement réalisable. Elle l’a d’ailleurs laissé entendre par des mots équivoques. À qui fera-t-on croire qu’on fasse ainsi, sans raison, des cadeaux dans Paris ?