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mots qu’ils prononcent ; dans d’autres cas enfin, il présentent ce phénomène bizarre d’intercaler, au milieu des paroles qu’ils prononcent, un même membre de phrase n’ayant aucun rapport avec l’idée qu’ils veulent exprimer, et qu’ils répètent à tout propos, comme machinalement.

Les mêmes bizarreries qui existent pour le langage s’observent également pour l’écriture, soit séparément, soit réunies, chez le même malade : ainsi par exemple, en voulant écrire un mot, les malades en écrivent un autre, ou bien ils ne peuvent écrire qu’une syllabe, que la moitié d’un mot ; ils sont forcés d’ajouter une même lettre à tous les mots qu’ils écrivent, ou ne peuvent parvenir à écrire certaines lettres qui manquent constamment dans leurs écrits, dans les mots où elles devraient se rencontrer. Quelquefois encore ces malades écrivent des mots sans aucun sens, qui ne constituent qu’une juxtaposition de lettres à la place du mot ou de la phrase qu’ils ont en tête et qu’ils ne peuvent parvenir à reproduire sur le papier.

Enfin, ce qu’il y a de plus bizarre au milieu de toutes ces bizarreries, c’est que souvent l’expression de la pensée par la parole ou par l’écriture n’est pas nécessairement altérée en même temps chez les mêmes malades ; s’il en est un certain nombre qui commettent les mêmes erreurs en écrivant et en parlant, il en est d’autres au contraire qui présentent des anomalies dans le langage et peuvent rendre parfaitement leurs pensées par l’écriture, tandis que d’autres offrent les perversions et les lacunes de l’écriture sans celles de la parole. Une dernière remarque enfin doit être faite à propos de ces troubles bizarres observés dans la parole ou l’écriture chez les malades atteints de diverses affections cérébrales, c’est que ces perturbations singulières sont ordinairement temporaires, et qu’elles guérissent souvent au bout d’un temps plus ou moins long, qu’elles soient dues à une affection traumatique du cerveau ou même à une maladie organique.

Lésions de la motilité. — Après les troubles de l’intelligence, considérés comme symptômes des affections du cerveau, nous devons parler des désordres de la motilité. Ces désordres très variés ont une grande importance, soit comme signes précurseurs, soit comme dénotant des maladies déjà caractérisées. On doit les diviser, comme