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De cette esquisse rapide de quelques variétés de la folie raisonnante, ajoutées à celles que j’ai signalées précédemment, je me bornerai à conclure que ces différents types sont loin de ressembler, soit les uns aux autres, soit au tableau que M. Delasiauve nous a tracé de la pseudo-monomanie. Il nous semble donc que cet éminent collègue, en changeant la dénomination de cet état, et en faisant un nouvel essai de délimitation des faits réunis sous le nom de folie raisonnante, n’a pas réussi à établir l’existence de cette forme distincte et spéciale de maladie mentale, comme méritant une place à part dans le cadre nosologique ; et selon nous, la pseudo-monomanie de M. Delasiauve, comme la folie raisonnante des autres auteurs, ne constitue qu’une réunion arbitraire de faits disparates.

III.Irresponsabilité absolue et responsabilité partielle.

Sur ce point encore j’ai le regret de me trouver en désaccord avec M. Delasiauve.

Il pense que les pseudo-monomanes, ou en d’autres termes les aliénés raisonnants, peuvent être considérés comme responsables de certains actes civils ou criminels accomplis par eux en dehors de la fascination morbide. Cette conséquence médico-légale résulte naturellement pour M. Delasiauve de la façon dont il a compris l’état mental des pseudo-monomanes. Ainsi que nous le disions précédemment, il se représente l’état de ces malades comme essentiellement mobile, selon les instants où on les observe. Il admet que le moi humain, ou la personnalité humaine, peut rester intact, même au milieu de la fermentation d’idées et de sentiments que la maladie produit dans leur intérieur. Chez le pseudo-monomane, dit-il, les idées bizarres, les sentiments altérés, les impulsions involontaires, les illusions et les hallucinations, en un mot les mobiles délirants, se remplacent et se succèdent avec une extrême rapidité dans la tête malade, et poussent souvent l’aliéné à des actes désordonnés, dangereux ou nuisibles, suivant la nature de l’idée ou du sentiment qui surgissent involontairement, sous l’influence de la maladie ; mais ces éclosions de phénomènes morbides sont extrêmement variables selon les moments où l’on observe ces malades. Tantôt le moi hu-