Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’est pas de médecin spécialiste qui n’ait rencontré dans sa pratique des aliénés de ce genre et qui n’ait eu à subir les funestes conséquences qu’entraîne toujours à sa suite un pareil état mental. Eh bien, certainement, si la folie raisonnante devait être admise comme espèce naturelle de la maladie mentale, ce sont évidemment les malades de cette catégorie qui seuls devraient la constituer à l’état de forme distincte et spéciale. Mais, pour notre part, nous pensons, comme le docteur Morel, qu’ils doivent être rattachés à d’autres catégories plus générales, sans admettre pourtant, avec cet auteur distingué, la détermination de la folie héréditaire, qui nous semble beaucoup trop vaste et trop compréhensive. Quoi qu’il en soit, on nous accordera facilement que le tableau rapide que nous venons de tracer de cette variété si remarquable d’aliénés raisonnants est bien loin de ressembler à celui que M. Delasiauve nous a donné de la pseudo-monomanie, et que par conséquent ces deux descriptions ne peuvent s’appliquer à deux états identiques.

4oEnfin (pour terminer cette énumération des états de trouble mental réunis par divers auteurs sous le nom très vague de folie raisonnante), nous devons encore mentionner les aliénés désignés généralement sous le nom de maniaques instinctifs, malades chez lesquels des penchants pervers, des tendances mauvaises ou des instincts violents se développent périodiquement sur un fond de débilité intellectuelle native, avec une altération permanente du caractère et sans trouble très manifeste des facultés intellectuelles. Ce qui caractérise surtout cette variété d’aliénés dits raisonnants, c’est la périodicité des impulsions, au meurtre, au vol, à l’incendie, des tendances érotiques ou des dispositions à boire, qui surgissent, avec plus ou moins d’irrésistibilité, au milieu d’un trouble mental à forme raisonnante. Tous les auteurs qui ont traité de la folie raisonnante et en particulier Prichard, ont cité des exemples de ce genre, pêle-mêle au milieu d’autres observations appartenant aux diverses catégories dont nous avons parlé précédemment, et ces états spéciaux mériteraient surtout d’être étudiés et distingués avec soin, au point de vue médico-légal. Or, on m’accordera facilement que c’est là encore un type d’aliénés raisonnants qui ne ressemble guère à celui que M. Delasiauve nous a décrit sous le nom de pseudo-monomanes.