Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/526

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nante, pendant lesquels les malades tuent, se tuent, ou s’abandonnent à de grandes violences d’action, tout en conservant dans leur langage beaucoup d’apparences de raison, état observé fréquemment, par exemple, dans le petit mal intellectuel des épileptiques, et même quelquefois dans les accès du grand mal.

Nous devons nous contenter pour le moment de la simple indication de ces variétés qui mériteraient de fixer l’attention des observateurs.

L’examen clinique auquel nous venons de nous livrer suffira, nous l’espérons, pour remplir le but que nous nous sommes proposé, c’est-à-dire pour démontrer que la folie raisonnante, telle qu’on la conçoit aujourd’hui, comprend des états très divers de trouble mental qui devraient être soigneusement séparés les uns des autres dans une classification vraiment naturelle.

III.Partie législative ou administrative.

Nous arrivons maintenant aux applications pratiques des principes que nous avons posés dans les deux parties précédentes.

La première question qui se présente à étudier, au point de vue des lois et de l’administration, dans les cas de folie raisonnante, c’est celle de la séquestration. Doit-on séquestrer tous les individus atteints de folie raisonnante ? Peut-on les séquestrer tous ? Voilà ce qu’il s’agit d’examiner rapidement.

Cette séquestration peut être motivée par une idée thérapeutique, ou par la considération de la sécurité du malade, de sa famille et de la société. On ne peut donc établir à cet égard aucune règle absolue, et il faut agir différemment selon les cas.

Au point de vue thérapeutique, il est, en effet, des circonstances où l’on peut espérer, par le régime, par la discipline et par le fait même de la séquestration, produire une sorte d’intimidation sur le moral de ces malades, et, en les forçant à exercer de l’empire sur eux-mêmes, arriver à réfréner la violence de leurs actes et à modifier avantageusement leur état mental.

Au point de vue de la sécurité, il est évident que quelques-uns de ces aliénés peuvent devenir dangereux par leurs actes, soit pour