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Cette variété d’affection mentale est plus fréquente qu’on ne l’imagine. On l’observe plutôt dans la pratique civile que dans les asiles d’aliénés, où il est rare que ces malades se trouvent enfermés. Elle se produit souvent à la suite d’un dérangement notable dans la santé physique, après une maladie générale, comme la fièvre typhoïde ou le choléra, et dans beaucoup de cas elle date de l’époque de la puberté. Les malades peuvent eux-mêmes en général préciser le moment de son début ; quelquefois même le médecin est appelé à y assister. Elle éclate fréquemment à la suite d’une circonstance déterminée, qui imprime à la maladie son caractère particulier et devient ordinairement l’origine de l’idée prédominante. Cette affection est plus commune chez la femme, mais on l’observe aussi chez l’homme. Elle est habituellement liée à la constitution générale de l’individu, héréditaire, ou du moins congéniale. Enfin, elle s’accompagne généralement de symptômes physiques et en particulier de phénomènes d’hystérie ou d’hypocondrie.

Nous avons insisté longuement sur les variétés de la folie raisonnante, dont nous avons cru devoir donner la description, parce que l’étude clinique de ces diverses variétés nous paraît constituer le progrès le plus important à réaliser dans cette branche de la pathologie mentale.

Pour compléter ce travail, il nous faudrait maintenant chercher à découvrir dans la classe si vaste et si mal délimitée des folies raisonnantes, d’autres catégories de faits moins connus et moins bien étudiés jusqu’à ce jour. Nous nous bornerons à signaler, comme susceptibles d’une description nouvelle, les états suivants :

1oCertains délires de persécution, à lente évolution et à idées délirantes très concentrées et dissimulées par les malades, qui peuvent passer pour une simple exaltation délirante, sans idées prédominantes ;

2oLa variété d’exaltation maniaque simple, non suivie d’une période mélancolique, véritable type de la folie raisonnante essentielle, sans aucune complication, et qui mériterait une étude spéciale ;

3oLes états de trouble mental liés plus spécialement à l’influence héréditaire, sur lesquels le docteur Morel a surtout, et avec juste raison, attiré l’attention ;

4oLes accès très courts de folie transitoire, à forme raison-