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sont de véritables comédiennes ; elles n’ont pas de plus grand plaisir que de tromper et d’induire en erreur de toutes les façons les personnes avec lesquelles elles se trouvent en rapport. Les hystériques, qui exagèrent jusqu’à leurs mouvements convulsifs (lesquels sont souvent en partie simulés), travestissent et exagèrent également tous les mouvements de leur âme, toutes leurs idées et tous leurs actes. Elles affichent à chaque instant des sentiments qu’elles n’ont pas ; elles jouent la douleur comme la gaieté, l’amour comme la haine. Elles affectent la sympathie la plus vive pour les personnes qu’elles détestent cordialement et auxquelles elles cherchent à nuire par tous les moyens ; elles aiment à méditer des projets de vengeance, à combiner des tours infâmes, des machinations infernales, des calomnies destinées à ruiner la réputation des personnes auxquelles elles prodiguent les témoignages de l’affection la plus vive et la plus hypocrite ; elles inventent mille ruses, mille histoires mensongères. Elles composent de véritables romans, dans lesquels elles intercalent souvent avec art et d’une façon inextricable le vrai et le faux, de manière à tromper les plus clairvoyants. En un mot, la vie des hystériques n’est qu’un perpétuel mensonge ; elles affectent des airs de piété et de dévotion, et parviennent à se faire passer pour des saintes, alors qu’elles s’abandonnent en secret aux actions les plus honteuses, alors qu’elles font, dans leur intérieur, à leur mari et à leurs enfants, les scènes les plus violentes, dans lesquelles elles tiennent des propos grossiers et quelquefois obscènes, et se livrent aux actes les plus désordonnés, pour reprendre ensuite, en public, leurs airs de réserve, de modestie et de décence affectées !

Un dernier trait également caractéristique et propre aux hystériques, c’est la rapidité et même l’instantanéité de production des idées, des impulsions et des actes. Ces malades ne mûrissent pas longtemps un projet ; les idées n’ont pas chez elles une longue incubation, mais une éclosion subite : elles paraissent et disparaissent subitement, comme dans un changement à vue. Une conception s’empare de leur intelligence, s’y fixe momentanément et s’évanouit ensuite avec la même promptitude qui a présidé à sa naissance. C’est comme une plante parasite, déposée à la surface de l’esprit et qui ne peut y germer et s’y développer, parce que le terrain n’a pas été préparé pour la recevoir. Aussi n’y pousse-t-elle pas de pro-