Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire[1], et comme M. Morel et moi[2] nous l’avons déjà tenté pour les troubles intellectuels liés à l’épilepsie. Ce sera là, selon nous, un véritable progrès pour la pathologie mentale et pour l’histoire de la folie raisonnante en particulier ; car ces folies hystériques vraies constituent une des variétés les plus communes de la folie morale.

Pour étudier cliniquement cette variété de maladie mentale, il faut commencer par bien distinguer ce qu’on peut appeler le caractère hystérique de la folie hystérique proprement dite.

Tous les médecins qui ont observé beaucoup de femmes atteintes d’hystérie, tous ceux qui ont eu le malheur de vivre avec elles d’une vie commune, savent parfaitement qu’elles ont toutes, dans le caractère et dans l’intelligence, une physionomie morale qui leur est propre et qui permet de reconnaître chez elles l’existence de cette maladie, même avant d’en avoir constaté les symptômes physiques. Seulement, la plupart des médecins non aliénistes ne veulent voir dans ces anomalies de l’intelligence et du moral chez les hystériques que des bizarreries ou des singularités compatibles avec l’état physiologique de la femme en général, et comme ils n’ont pas eu l’occasion d’observer les cas extrêmes, dans lesquels ces altérations du caractère arrivent jusqu’au degré d’une véritable aliénation, ils sont en général disposés à contester la réalité d’une folie hystérique. Pour bien comprendre les symptômes de cette espèce de maladie mentale, il convient d’abord d’énumérer rapidement les signes qui constituent le caractère de la plupart des hystériques, parce qu’ils représentent en diminutif les traits principaux de la folie hystérique pleinement confirmée.

Le premier trait du caractère propre aux hystériques, c’est d’abord la grande mobilité de toutes leurs dispositions psychiques, selon le moment où on les observe. Elles passent alternativement, et à des intervalles très rapprochés, de l’excitation à la dépression, comme, au physique, elles passent tout à coup d’une crise de rire à une crise de larmes. Elles s’enthousiasment avec ardeur, avec passion, pour une personne ou un objet qu’elles veulent posséder à tout prix ; elles ne reculent devant aucun effort, devant aucun sacrifice pour

  1. Moreau, Union médicale.
  2. Jules Falret, État mental des épileptiques ; voyez plus haut.