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Sont-ils dans les affaires, il leur arrive fréquemment aussi de se laisser aller à des actes d’improbité ; ils font des faux ou des vols, qui les conduisent quelquefois devant la justice, alors qu’aucun acte public n’avait encore trahi chez eux l’existence d’une perversion maladive des sentiments et des penchants, à peine appréciable pour ceux qui vivaient avec eux.

Appartiennent-ils aux classes inférieures de la société, les mêmes délits, les mêmes actes considérés comme criminels, se produisent chez eux sous une autre forme. On voit en effet, très souvent, dans cette période prodromique, des individus arrêtés pour des actes obscènes commis en public, pour des vols accomplis sans précaution et sans réflexion, à la devanture d’une boutique ou dans un magasin, ou bien on les prend en flagrant délit de vagabondage et de rébellion envers les agents de la force publique. C’est presque toujours pour des actes de ce genre que sont arrêtés, à Paris surtout, les malades atteints de paralysie générale au début, et qui souvent offraient déjà, depuis longtemps, les signes précurseurs de la période prodromique dont nous venons d’esquisser les principaux traits.

III.Folie hystérique.

Une troisième catégorie de faits comprise fréquemment aussi sous le nom de folie morale ou de folie raisonnante, est celle que l’on peut désigner avec raison par la dénomination de folie hystérique. Sans doute, on peut se demander s’il existe réellement une espèce de maladie mentale méritant spécialement ce nom.

Quelques auteurs modernes parmi lesquels nous citerons principalement Morel et ses élèves (MM. Bulart et Lachaux), donnant, selon nous, à cette expression une trop grande extension, ont compris dans sa description des états très divers, et l’ont presque fait synonyme de la folie étudiée chez la femme en général.

Nous pensons néanmoins qu’il est possible d’éviter cette exagération et d’arriver, par l’observation clinique, à reconnaître l’existence de symptômes intellectuels et moraux spéciaux en rapport avec la névrose hystérique, comme Moreau (de Tours) a cherché à le