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apparaît encore une nouvelle exaltation maniaque semblable à la précédente. Ainsi se trouve complété le cercle maladif, dont la reproduction successive se perpétue presque toujours indéfiniment pendant toute l’existence de ces malheureux malades !

Eh bien, avoir ainsi rattaché cliniquement cet état d’exaltation maniaque simple, considéré comme une folie raisonnante, à une forme de maladie mentale mieux déterminée, mieux étudiée et dont la nature pathologique ne peut être contestée par personne, c’est avoir fait faire un véritable progrès à la pathologie mentale et en particulier à l’étude scientifique de la folie raisonnante. Au lieu de caractériser simplement ces faits par la méthode psychologique, on les range dans une espèce préalablement bien connue de maladie mentale, dans laquelle le cas particulier peut être facilement classé à côté de faits analogues déjà bien décrits. Or, c’est en continuant à substituer ainsi aux procédés psychologiques la méthode clinique que l’on pourra faire entrer l’étude de la folie raisonnante, comme celle des autres formes de la folie, dans une voie réellement scientifique.

II.Période prodromique de la paralysie générale.

Un autre état qui doit également être décrit séparément et que l’on confond fréquemment sous le nom générique de folie raisonnante, c’est la période d’exaltation qui précède souvent de plusieurs années l’explosion de la paralysie générale, surtout dans la variété expansive. Cette période prodromique a été déjà étudiée avec soin par plusieurs auteurs, en particulier par Brierre de Boismont[1], et elle mérite au plus haut degré de fixer l’attention des observateurs, au point de vue nosologique comme sous le rapport médico-légal.

Quelques individus, prédisposés dès leur enfance à la paralysie générale, offrent en effet, pendant de longues années, les caractères spéciaux de cette période prodromique. D’autres, au contraire, ne les présentent que quelques années, ou même quelques mois avant

  1. Brierre de Boismont, Annales d’hygiène et de médecine légale, t. XIV, 2e série, p. 403, 1860.