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variables en intensité et en nature selon les moments où l’on observe le malade, et soyons certains que ce dernier caractère lui-même ne nous fera pas défaut. C’est là le véritable criterium qui permet au médecin de diagnostiquer la folie avec une certitude bien autre que celle qu’il pourrait acquérir à l’aide des moyens fournis par les philosophes ou par les magistrats.

Une maladie mentale est un état pathologique constitué par des symptômes physiques, par des symptômes psychiques multiples et par une marche déterminée dans l’ordre de succession de ces symptômes : tels sont les trois termes indispensables pour reconnaître la folie envisagée d’une manière générale, et pour la distinguer des états passionnels, ou de simples bizarreries de caractère compatibles avec l’état physiologique.

Mais un dernier pas nous reste encore à accomplir pour compléter ce diagnostic et lui donner une précision plus scientifique. Malheureusement ce complément du diagnostic n’est pas toujours possible dans l’état actuel de la science. Il exigera de nouvelles études, et c’est vers ce but que doivent tendre aujourd’hui tous nos efforts. Il consistera à pouvoir classer le fait particulier soumis à l’examen du médecin, dans une catégorie de faits analogues déjà connue dans la science, et dont la description sera acceptée par tous comme espèce ou variété distincte de maladie mentale. Le médecin pourra alors porter un véritable diagnostic médical qui sortira du domaine si vague des généralités pour reposer sur le terrain solide de l’observation clinique. Ce sera le même progrès qui a été accompli dans la médecine ordinaire, lorsqu’au lieu de se borner à constater chez un malade l’existence d’une affection du poumon, envisagée d’une manière générale, on est parvenu à diagnostiquer chez lui une pneumonie, une pleurésie ou des tubercules.

Dans beaucoup de circonstances déjà, nous pouvons procéder de la même façon en pathologie mentale. Nous reconnaissons, par exemple, un malade atteint de paralysie générale à divers degrés, de folie épileptique, de folie circulaire ou à double forme, de délire de persécution, etc., et dans ces cas, le fait particulier que nous avons à examiner rentre facilement dans une catégorie déjà bien connue, décrite dans la science, et ayant des caractères vraiment typiques.