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prodromes des autres affections du cerveau. Cette excitation précède fréquemment les attaques de méningite ou de cérébrité ; on l’observe également dans les affections du cerveau de l’enfance, au début des maladies fébriles à forme cérébrale, enfin parmi les prodromes de l’apoplexie. On a vu souvent en effet des individus manifester une irritabilité, une irascibilité peu habituelles, quelque temps avant une attaque d’hémorragie cérébrale.

L’état de dépression de l’intelligence est, comme l’état d’exaltation, un signe précurseur des maladies du cerveau, et alterne même souvent avec lui. On constate ordinairement un stade mélancolique plus ou moins prononcé au début de toutes les affections mentales, mais on observe également la dépression et la tristesse comme signes précurseurs des maladies du cerveau. Le ramollissement aigu, l’hémorragie cérébrale, les tumeurs du cerveau, de même que la paralysie générale, sont souvent associés dans leur première période à une grande dépression mentale. Cette dépression peut, dans quelques cas, être portée jusqu’au degré d’un profond ennui, avec symptômes hypocondriaques, dégoût de la vie, et même penchant au suicide, sans aboutir pourtant à l’aliénation proprement dite. Mais le plus souvent, dans les affections cérébrales autres que la folie, l’altération des fonctions intellectuelles se manifeste plutôt sous la forme de la faiblesse. Les malades présentent assez fréquemment une grande prostration des forces intellectuelles longtemps avant qu’on ne soupçonne l’existence d’une maladie du cerveau ; c’est un état de lassitude cérébrale, de lenteur des idées, analogue à la torpeur physique qui précède les maladies aiguës et fébriles. Le malade a souvent conscience de ce manque de force nerveuse cérébrale : il s’en afflige et reconnaît son inaptitude pour tout travail intellectuel. Il est incapable de continuer longtemps à exercer sa pensée, et il s’éloigne lui-même de toute occupation exigeant l’activité de l’esprit. Il cesse de lire, néglige ses affaires et les devoirs de sa profession ; souvent même, à un degré plus avancé, il n’est plus capable que de rester assis et immobile, dans un état de vague abstraction.

Cet affaissement des facultés intellectuelles peut être consécutif à des excès d’études ou à un exercice exagéré de l’intelligence, il peut alors disparaître peu à peu par un repos prolongé du cerveau ;